viernes, 15 de abril de 2011

Ils disent


Ils disent qu’il y a un bien,
ils disent qu’il y a un mal,
ils disent que la vertu est un devoir
et que le bonheur est une entreprise.
Ils disent que l’idéal est un fruit justice.
Ils disent qu'il y a ceci,
ils disent qu'il y a cela.

Pourtant,
tout ce qu’il y a en moi,
c’est la conscience de toi.
Tout ce que j’augure de bon en soi,
c’est la croyance que tu as fait de moi.

Moi,
l’absence,
un miroir de ta présence.

domingo, 3 de abril de 2011

Inexistence


Tu n’existes pas
m’a dit l’oiseau pourri au fond des bois,
l’arbre prisonnier dans l’estuaire,
le fruit baigné dans l’eau croupie,
la fleur double mort-née dans le calice
Tu n’existes pas
m’a dit une goutte de sang sur la lèvre,
le goût bleu de l’acier dans ma bouche encore rouge.
Tu n’existes pas
m’a dit un poème écrit sur l’eau
avec des mains de morte et leurs mots sans écho.
Tu n’existes pas
m’a dit la symphonie profonde et triste
que je ne respire plus.
Tu n’existes pas
m’a dit l’ombre du soir
qui ne cesse de s’abattre sur ta nuque,
hémorragie noire de l’univers sur la lumière déjà faible.
Tu n’existes pas
m’a dit la danse immobile des vieillards fatigués,
et le regard vide des objets perdus.
Tu n’existes pas
m’a dit l’être de tous les lieux
alors que je venais à sa rencontre
Tu n’existes pas
m’a dit l’essence de toute chose,
et que le récit même ne t’appartient pas.

Maintenant va.
Si tu peux,
tu vivras d’oublier cela.

En suspens

        
        J’élève des plantes en cage sur un petit balcon suspendu au-dessus de la réalité vagabonde. Je leur donne un peu de vert et de la musique savante, et comme elles ne me répondent pas, je veux croire qu’elles sont heureuses. Le ciel accroché au plafond est triste comme une mer de toits en fer. Malgré le chant de l’eau de là-haut et  l’herbe apprivoisée, nul ne doute que la jeune ville armée n’est pas loin. Je me suis penché de tous mes doutes de l’autre côté du ciel. Je ne suis plus suspendu à lui que par un fil d’objectivité. Dans un instant je tomberai à la renverse des nuages. Avec un peu de chance cela aura suffi au dérèglement du temps. Le changement météorologique de la raison donnera quelques frissons et un bon abri pour rêver. Le pain vu d’ici a le goût quotidien de la terre et nul ne peut plus réordonner la boîte renversée sur les allumettes. Du côté antérieur, des enfants jouent encore à ne pas savoir marcher entre les flaques. La rue est un champ de bataille à mourir de candeur. Dans mon abri de fleurs séchées et nostalgiques je joue aussi avec le ridicule des choses apprises.  Dans l’odeur des feuilles mortes l’espérance d’être libre est un vers imaginaire. Tombé aussi haut, je ne cherche plus à me relever en terre. Quelque en soit la raison de vivre, vu d’ici il n’y a aucun dédommagement convenable à la nature de cet assemblage.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )