viernes, 8 de julio de 2011

Folie Liquide


I

Je pense à l’eau
représentée en matériels terrestres
la goutte
le vide
la tentative muette.



Pensando en el agua
figurada en materiales terrestres
la gota
el vacío
el mudo intento.


II


Mon esprit fermenté
comme l'anguille électrique
 je déchiffre ses yeux de pègre
derrière les regards
derrière ses larmes
qui me donne un soupir
pendant que se distille
une seconde de quiétude schizophrène.



Fermentada mi mente
cuan anguila eléctrica
descifro sus ojos de escoria
tras las miradas
tras sus lágrimas
dándome un suspiro
mientras se destila
algún segundo de esquizofrénica calma.


III

Encore plus loin cette bouche nue
avec ses rires entravés
et ses mains
parées
à la recherche
de l'absinthe
mêlée à l'acide gastrique
parodies
abysses mentaux
la nuit du cyanure
après le krach du miroir
et le sang
sur les tempes de son spasme.



Aún más lejos esa boca desnuda
con sus risas tapadas
y sus manos
ataviadas
en la búsqueda
del ajenjo
mezclado al ácido gástrico
parodias
abismos mentales
la noche del cianuro
después del crack del espejo
y la sangre
en las sienes de su espasmo.



IV

Endormie
sur des fleurs de chaux
passe le vent
alors que l'attrapent mes ongles
je salive
et je me mens
dans
un monologue de spectres.



Dormida
sobre flores de cal
pasa el viento
mientras lo atrapan mis uñas
salivo
y me miento
en
un monologo de espectros.


V

Enchaînée en symbiose
à ma fosse humide
docile
démente
j'exhale la litanie épaisse
du violon funeste.


Encadenada en simbiosis
a mi fosa húmeda
mansa
demente
exhalo la letanía espesa
del violín funesto.
VI



Assise
sur une balançoire d'expressions mortes
je réclame
un cri au nuage
un coup de pied à la terre
à l'instant où s'incline la tête 
je trouve
dans l'ouverture de mon nombril
la même goutte
celle du vide
et je la lèche
et sa buée m'atteint
frénétique.



Sentada
en un columpio de facciones muertas
reclamo
un grito a la nube
una patada a la tierra
en el instante en que cabizbaja encuentro
dentro de mi ombligo abierto
la misma gota
la del vacío
y lo lamo
y me alcanza el vaho
frenético.
XII



Ils passent
Chacun des délires
et je les garde
dans une sacoche d'eau
à côté des libellules
celles que je soigne
en leur donnant un peu de cuivre liquide
à la première heure de l'aube.




Pasan
Cada uno de los delirios
y los guardo
en bolsa de agua
junto con las libélulas
a las que cuido
dando un poco de cobre líquido
a primera hora del alba.



XIII


Je vomis
la bile du cosmos
vers une rivière exégète
à genoux devant le chaos
je joue avec le désordre du matériel absurde
et je le réordonne
en une formule complexe 
de réactions violettes.


Vomito
la bilis del cosmos
hacia un río exegeta
arrodillada ante el caos
juego con el desorden del material sin sentido
y lo reordeno
en una compleja fórmula 

de reacciones violetas.
IX


Je crie
Des balbutiements de grenouilles aquatiques
pendant qu'elles m'illuminent
avec leurs griffes
derrière mes ombres
et je cours
vers une réalité endossée
loin de mes blattes nageant dans des eaux vertes
flagellée
trempée de mercure
perdue.



Grito
Balbuceos de ranas acuáticas
mientras me alumbran
con sus garras
tras mis sombras
y corro
hacia alguna realidad asumida
lejos de mis cucarachas nadando en aguas verdes
flagelada
empapada de mercurio
perdida.
X

En suçant
le breuvage de ses lèvres bucoliques
s'incube
une larve
au coeur de mes neurones abîmés
et je m'incinère
pour ne jamais répandre
sa folie liquide
dans ce réalisme cru
chaque fois brillant
chaque fois triste
           mortellement sec.



Chupando
el brebaje de sus labios bucólicos
se incuba
una larva
en mis neuronas dañadas
y me incinero
para no derramar nunca
su locura líquida
en este realismo crudo
cada vez lúcido
cada vez mustio
                 mortalmente seco.


domingo, 12 de junio de 2011

Liqueur


Le cheval bleu protège son ventre translucide. Il prend des allures allongées, affolé il va l’amble dans l’horizon de la mer. Mon essence est une eau dans laquelle se noie mon existence libellule. Un souffle m’a garni des sabots en racine de fer et mes os sont des ailes de miettes. Je suis une nage immobile. De temps en temps je frissonne pour les grumeaux d’une bulle d’or. Les tourbillons dessinent des mensonges euphoriques : ce sont des ascenseurs toujours en panne ou trop farci de gens. Sans savoir me soutenir, le vol de la légèreté se crève. L’hélium de l’aubaine remonte au contact d’une surface absolument sans désordre mais à jamais létale.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

viernes, 15 de abril de 2011

Ils disent


Ils disent qu’il y a un bien,
ils disent qu’il y a un mal,
ils disent que la vertu est un devoir
et que le bonheur est une entreprise.
Ils disent que l’idéal est un fruit justice.
Ils disent qu'il y a ceci,
ils disent qu'il y a cela.

Pourtant,
tout ce qu’il y a en moi,
c’est la conscience de toi.
Tout ce que j’augure de bon en soi,
c’est la croyance que tu as fait de moi.

Moi,
l’absence,
un miroir de ta présence.

domingo, 3 de abril de 2011

Inexistence


Tu n’existes pas
m’a dit l’oiseau pourri au fond des bois,
l’arbre prisonnier dans l’estuaire,
le fruit baigné dans l’eau croupie,
la fleur double mort-née dans le calice
Tu n’existes pas
m’a dit une goutte de sang sur la lèvre,
le goût bleu de l’acier dans ma bouche encore rouge.
Tu n’existes pas
m’a dit un poème écrit sur l’eau
avec des mains de morte et leurs mots sans écho.
Tu n’existes pas
m’a dit la symphonie profonde et triste
que je ne respire plus.
Tu n’existes pas
m’a dit l’ombre du soir
qui ne cesse de s’abattre sur ta nuque,
hémorragie noire de l’univers sur la lumière déjà faible.
Tu n’existes pas
m’a dit la danse immobile des vieillards fatigués,
et le regard vide des objets perdus.
Tu n’existes pas
m’a dit l’être de tous les lieux
alors que je venais à sa rencontre
Tu n’existes pas
m’a dit l’essence de toute chose,
et que le récit même ne t’appartient pas.

Maintenant va.
Si tu peux,
tu vivras d’oublier cela.

En suspens

        
        J’élève des plantes en cage sur un petit balcon suspendu au-dessus de la réalité vagabonde. Je leur donne un peu de vert et de la musique savante, et comme elles ne me répondent pas, je veux croire qu’elles sont heureuses. Le ciel accroché au plafond est triste comme une mer de toits en fer. Malgré le chant de l’eau de là-haut et  l’herbe apprivoisée, nul ne doute que la jeune ville armée n’est pas loin. Je me suis penché de tous mes doutes de l’autre côté du ciel. Je ne suis plus suspendu à lui que par un fil d’objectivité. Dans un instant je tomberai à la renverse des nuages. Avec un peu de chance cela aura suffi au dérèglement du temps. Le changement météorologique de la raison donnera quelques frissons et un bon abri pour rêver. Le pain vu d’ici a le goût quotidien de la terre et nul ne peut plus réordonner la boîte renversée sur les allumettes. Du côté antérieur, des enfants jouent encore à ne pas savoir marcher entre les flaques. La rue est un champ de bataille à mourir de candeur. Dans mon abri de fleurs séchées et nostalgiques je joue aussi avec le ridicule des choses apprises.  Dans l’odeur des feuilles mortes l’espérance d’être libre est un vers imaginaire. Tombé aussi haut, je ne cherche plus à me relever en terre. Quelque en soit la raison de vivre, vu d’ici il n’y a aucun dédommagement convenable à la nature de cet assemblage.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot ) 

jueves, 31 de marzo de 2011

Exaltation


L’exaltation de la connaissance
Est une maladie judicieuse
Dont la fièvre m’assagit
Dans la présence incommensurable de l’esprit.
Avec la peur arrachée du ventre
Et le paradoxe des certitudes
Je célèbre le monde en toute quiétude.
Je ne suis plus le mendiant de la vieille communion
La charité des exégèses me dégoute
Dieu est mort et c’est ainsi que je l’aime,
Dieu est mort,
Qu’il nous soit temps de vivre
En liberté de toute genèse.
Toujours la justification du mythe est séduisante
Mais son amour est babilan.
Le rideau refermé,
C’est l’énigme qui applaudit
Et l’élucidation qui succombe.
Ah! Comme l’approche des grandes causes me tourmente!
L’émerveillement du mystère me sera-t-elle à jamais fulgurance?
Je m’attarde dans le quotidien
Comme assis dans un théâtre vide,
Il n’y a plus pour moi de fin qui soit concrète,
Seule une magie des choses et des êtres
Me révèle la danse harmonieuse des formes
Je m’avise à chaque seconde de ce qui n’est pas utile
Et ne cessera jamais de me surprendre
Nature, Cieux, Cosmos ...
La beauté de l’univers
Est un nom insoupçonnable.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

miércoles, 23 de marzo de 2011

Condition Requise


Ce dont j’ai besoin
Est imprononçable.
Comment l’atteindre alors
Si jamais il ne s’apprivoise
Ici et maintenant.
Ce dont j’ai besoin
N’est peut-être pas
Du même univers
Que la science du verbe.
Comment le connaître alors
Sans savoir évoquer.
Comment l'effleurer alors
Sans jamais le connaître.
Serais-je trompé par mes formules surnaturelles?
Renverrons-nous au néant la beauté ensorcelée?

Tout ce dont j’aurais besoin
Se trouverait devant moi
Le monde serait le monde
Et je serais sauvé.

Mais je suis d’un corps extra-terrestre
Qui n’a de terrien que le nom.
Pourtant, sans avoir l'âme condamnée
Je n’ai jamais eu le sentiment de dieu
C’est que je viens d’ailleurs
Là-bas où nous étions démiurge
Nous-même créateurs d’infini,
Créateur de nous-même
Sans inquiétude raisonnée.
Ce dont j’ai besoin
Me rappelle l’âge tendre
Celui de mon existence
Dans l’absence du temps.
L’enfance serait-elle ce pays?
Fou de l’avoir abandonné,
Dans la métempsycose de l'homme.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

jueves, 17 de marzo de 2011

Prose


Sois l’envie et la joie
Sois la mort et le crime enchanté
Écorche bien ce qu’il faut d’innocence
Sois encore à moi
Sans limite,
Fais moi souverain de tes beautés
À ma seule convenance.
Pour mon bien quotidien
Offre moi un peu de prose
Belle, idéale.
Pour le reste,
Le collier froid de l’esclave,
De l’eau et du pain suffiront.
J’oublierais les anciens festins,
La douceur des liqueurs
Dans l’alcôve de l’amour,
J’ai bien assez vécu d’ailleurs et de folies
Pour vivre de souvenirs.
Chante, chante,
Danse, voile et colore les profondeurs,
Je ne m’ennuierai plus du monde.
Enfin oisif de ta contemplation
Je n'envierai plus la main
Qui porte la récompense.
Maître dans l’interprétation des rêves
Je dormirai dans le sommeil des abîmes.
Le jour venu,
J’ouvrirai l’œil encore nu
Sur les fantasmagories d’un univers
À l’aube de sa transcendance.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

sábado, 12 de marzo de 2011

La course



Je cours,
A bout de souffle,
Dans les rues de la servitude.
Il me faut courir
Sous le régime du temps.
De cadrans fondus
En aiguilles mortes
J’ai gravé mes extravagances
Avec le sens certain de l’agonie.
Tout était accompli pourtant,
Détenu,
La gloire même inachevée  
Reposait dans mes os calmes.
Rien à déployer,
Seulement faire,
Défaire et refaire
Le triomphe de l’inutile.

Au fond d’un miroir de passe
S’enfuit la rougeur de son sexe
Celle du ciel,
Autant,
Noir de sa silhouette.
Et,
Toujours courant
Je cours avec elle,
Aussi,
Comme aux mains d’une dictature,
Ingénieuse,
Elle qui,
Pour prendre de l’avance
Contemple le doute,
Immobile.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

viernes, 4 de marzo de 2011


II



A travers le hublot de verre électrique j'aperçois un enfant les jambes sanguinolentes. Il est peut-être Israélien ou Palestinien, il n’est peut-être ni l’un ni l’autre mais il est fait de la même fragile harmonie. La mienne.

Là-bas le soleil est immense, une fois encore le jour s’est levé pour que rien ne se dérange. Dans les yeux ennemis coule le sang chaud dont l’enfant ne connaît pas le prix. Ce prix, il ne le connaîtra jamais. Il n’atteindra pas le matin suivant pour découvrir que l’homme ne change pas. C’est peut-être mieux ainsi. La haine aurait rongé ses os bien avant le goût de l’innocence.

Ici il est déjà tard, je débranche la machine à omniscience photonique pour retrouver la réalité des alentours. Trop tard, l’image est sur mes pas. L’enfant s’allongera dans mon lit et viendra mourir dans mon sommeil. Aucune racine ne me rendra le sommeil de cette nuit. La chambre a l’odeur âpre de la valériane mais au delà je devine celle d’un corps qui tremble; celle du sang séché et de la mort.

Je suis loin des Pyrénées, loin des monts calmes de mon enfance. Trop citadin, je me suis exposé à toutes les formes de barbaries. Toutes celle que les autres regardent avec la bonne distance. Je me suis approché trop près des hommes ou bien je suis trop loin dans mon exil. Ton amour ne m’épargne donc d’aucune horreur. Il ne me protège pas même des gens que j’aime.

Ce n’est pas l’empathie dont on a coloré mes souvenirs ni le sentiment prédestiné de la bonté. Né en quelque endroit de la terre et enfui aussi loin que possible il m’aurait fallu enterrer cet enfant. Droit devant moi vers d’autres horizons, quand bien même immobile et replié sur moi, rein ne m’aurait jamais épargné cela.

Je ne sauverai aucun enfant. La nuit est trop longue, le deuil trop lourd. Toutes mes causes sont perdues d’avances. D’où que je sois, je retournerai vers les Pyrénées, lentement, en sachant qu’il n’y a plus rien à fuir. Je retrouverais le ciel des monts calmes et couché sur l’herbe, attendant patiemment mon retour, l’enfant mort et serein que veille les étoiles. 


 ( Extrait de "Anthropologie du hasard"  de Laurent Perrot )
 

sábado, 26 de febrero de 2011




Laisse la venir
En gélatines mélancoliques.
Que rien ne l’altère
Accoudée à la fenêtre,
La contemplation.
De grandes lueurs,
Le soleil des morts.

Saveur de ton tourment
Sa terre promise en patience,
Depuis ton millier d’années,
La lumière dans l’œil du cyclone.
Tu envisages sa violence
Avant des regrets plus féroces.

La tempête est convulsive
Et la mésintelligence des autres,
Primordiale.
Mais la douleur,
Désavouée,
Tu abuserais
Comme d’une enfant
Ta propre prophétie.
Dans tes rêves de gosse
La béatitude exigeait le mal,
Celui d’un passage clairvoyant
À travers la souffrance innocence.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

sábado, 19 de febrero de 2011

Allégorie


Au bord de la rupture,
Son échine :
un arc tendu
de flèches imaginaires.
La fièvre de son esprit :
un symptôme.
Celui de son changement,
perpétuel,
inéluctable,
stupéfiant.
À l’aube de l’achèvement.
Il cherche la nuance,
celle d’un masque de vérité
sur un visage toc.
Il pose sa dernière touche.
Le modèle vient de mourir,
sur un bout de toile.
Ce ne sont plus ses yeux:
deux taches noires et folles
qui ne lui appartiennent plus.
L’allégorie est parfaite.
La transcendance,
inimitable.
La chair modèle
peut quitter l’atelier
par la lumière de la fenêtre
et s’en aller pourrir,
ce qu’elle croit être vivre.
Le geste a été tranchant
Et la couleur sombre
Il tire le rideau
Sur un pan de sa vie,
Achevé jusqu’au bout.
Il abandonne son œuvre,
Il peut mourir ce soir
Il est mûr pour cela.
Attendre,
la mort automnale
de la complétion.
Laisser délasser,
l’existence en suspens
dans la lumière tiède.
Et dans ce fléchissement,
Peu à peu deviner,
l’épaississement des couleurs
d’une forme encore inexistante :
le kyste vierge et audacieux
de l’œuvre Nouvelle.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

viernes, 11 de febrero de 2011

Locura Líquida



"Locura Líquida"


 Recital de inauguración
Martes 15 de diciembre
Galería Anima
Sevilla - Barrio San Lorenzo