viernes, 4 de marzo de 2011


II



A travers le hublot de verre électrique j'aperçois un enfant les jambes sanguinolentes. Il est peut-être Israélien ou Palestinien, il n’est peut-être ni l’un ni l’autre mais il est fait de la même fragile harmonie. La mienne.

Là-bas le soleil est immense, une fois encore le jour s’est levé pour que rien ne se dérange. Dans les yeux ennemis coule le sang chaud dont l’enfant ne connaît pas le prix. Ce prix, il ne le connaîtra jamais. Il n’atteindra pas le matin suivant pour découvrir que l’homme ne change pas. C’est peut-être mieux ainsi. La haine aurait rongé ses os bien avant le goût de l’innocence.

Ici il est déjà tard, je débranche la machine à omniscience photonique pour retrouver la réalité des alentours. Trop tard, l’image est sur mes pas. L’enfant s’allongera dans mon lit et viendra mourir dans mon sommeil. Aucune racine ne me rendra le sommeil de cette nuit. La chambre a l’odeur âpre de la valériane mais au delà je devine celle d’un corps qui tremble; celle du sang séché et de la mort.

Je suis loin des Pyrénées, loin des monts calmes de mon enfance. Trop citadin, je me suis exposé à toutes les formes de barbaries. Toutes celle que les autres regardent avec la bonne distance. Je me suis approché trop près des hommes ou bien je suis trop loin dans mon exil. Ton amour ne m’épargne donc d’aucune horreur. Il ne me protège pas même des gens que j’aime.

Ce n’est pas l’empathie dont on a coloré mes souvenirs ni le sentiment prédestiné de la bonté. Né en quelque endroit de la terre et enfui aussi loin que possible il m’aurait fallu enterrer cet enfant. Droit devant moi vers d’autres horizons, quand bien même immobile et replié sur moi, rein ne m’aurait jamais épargné cela.

Je ne sauverai aucun enfant. La nuit est trop longue, le deuil trop lourd. Toutes mes causes sont perdues d’avances. D’où que je sois, je retournerai vers les Pyrénées, lentement, en sachant qu’il n’y a plus rien à fuir. Je retrouverais le ciel des monts calmes et couché sur l’herbe, attendant patiemment mon retour, l’enfant mort et serein que veille les étoiles. 


 ( Extrait de "Anthropologie du hasard"  de Laurent Perrot )
 

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