jueves, 31 de marzo de 2011

Exaltation


L’exaltation de la connaissance
Est une maladie judicieuse
Dont la fièvre m’assagit
Dans la présence incommensurable de l’esprit.
Avec la peur arrachée du ventre
Et le paradoxe des certitudes
Je célèbre le monde en toute quiétude.
Je ne suis plus le mendiant de la vieille communion
La charité des exégèses me dégoute
Dieu est mort et c’est ainsi que je l’aime,
Dieu est mort,
Qu’il nous soit temps de vivre
En liberté de toute genèse.
Toujours la justification du mythe est séduisante
Mais son amour est babilan.
Le rideau refermé,
C’est l’énigme qui applaudit
Et l’élucidation qui succombe.
Ah! Comme l’approche des grandes causes me tourmente!
L’émerveillement du mystère me sera-t-elle à jamais fulgurance?
Je m’attarde dans le quotidien
Comme assis dans un théâtre vide,
Il n’y a plus pour moi de fin qui soit concrète,
Seule une magie des choses et des êtres
Me révèle la danse harmonieuse des formes
Je m’avise à chaque seconde de ce qui n’est pas utile
Et ne cessera jamais de me surprendre
Nature, Cieux, Cosmos ...
La beauté de l’univers
Est un nom insoupçonnable.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

miércoles, 23 de marzo de 2011

Condition Requise


Ce dont j’ai besoin
Est imprononçable.
Comment l’atteindre alors
Si jamais il ne s’apprivoise
Ici et maintenant.
Ce dont j’ai besoin
N’est peut-être pas
Du même univers
Que la science du verbe.
Comment le connaître alors
Sans savoir évoquer.
Comment l'effleurer alors
Sans jamais le connaître.
Serais-je trompé par mes formules surnaturelles?
Renverrons-nous au néant la beauté ensorcelée?

Tout ce dont j’aurais besoin
Se trouverait devant moi
Le monde serait le monde
Et je serais sauvé.

Mais je suis d’un corps extra-terrestre
Qui n’a de terrien que le nom.
Pourtant, sans avoir l'âme condamnée
Je n’ai jamais eu le sentiment de dieu
C’est que je viens d’ailleurs
Là-bas où nous étions démiurge
Nous-même créateurs d’infini,
Créateur de nous-même
Sans inquiétude raisonnée.
Ce dont j’ai besoin
Me rappelle l’âge tendre
Celui de mon existence
Dans l’absence du temps.
L’enfance serait-elle ce pays?
Fou de l’avoir abandonné,
Dans la métempsycose de l'homme.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

jueves, 17 de marzo de 2011

Prose


Sois l’envie et la joie
Sois la mort et le crime enchanté
Écorche bien ce qu’il faut d’innocence
Sois encore à moi
Sans limite,
Fais moi souverain de tes beautés
À ma seule convenance.
Pour mon bien quotidien
Offre moi un peu de prose
Belle, idéale.
Pour le reste,
Le collier froid de l’esclave,
De l’eau et du pain suffiront.
J’oublierais les anciens festins,
La douceur des liqueurs
Dans l’alcôve de l’amour,
J’ai bien assez vécu d’ailleurs et de folies
Pour vivre de souvenirs.
Chante, chante,
Danse, voile et colore les profondeurs,
Je ne m’ennuierai plus du monde.
Enfin oisif de ta contemplation
Je n'envierai plus la main
Qui porte la récompense.
Maître dans l’interprétation des rêves
Je dormirai dans le sommeil des abîmes.
Le jour venu,
J’ouvrirai l’œil encore nu
Sur les fantasmagories d’un univers
À l’aube de sa transcendance.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

sábado, 12 de marzo de 2011

La course



Je cours,
A bout de souffle,
Dans les rues de la servitude.
Il me faut courir
Sous le régime du temps.
De cadrans fondus
En aiguilles mortes
J’ai gravé mes extravagances
Avec le sens certain de l’agonie.
Tout était accompli pourtant,
Détenu,
La gloire même inachevée  
Reposait dans mes os calmes.
Rien à déployer,
Seulement faire,
Défaire et refaire
Le triomphe de l’inutile.

Au fond d’un miroir de passe
S’enfuit la rougeur de son sexe
Celle du ciel,
Autant,
Noir de sa silhouette.
Et,
Toujours courant
Je cours avec elle,
Aussi,
Comme aux mains d’une dictature,
Ingénieuse,
Elle qui,
Pour prendre de l’avance
Contemple le doute,
Immobile.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

viernes, 4 de marzo de 2011


II



A travers le hublot de verre électrique j'aperçois un enfant les jambes sanguinolentes. Il est peut-être Israélien ou Palestinien, il n’est peut-être ni l’un ni l’autre mais il est fait de la même fragile harmonie. La mienne.

Là-bas le soleil est immense, une fois encore le jour s’est levé pour que rien ne se dérange. Dans les yeux ennemis coule le sang chaud dont l’enfant ne connaît pas le prix. Ce prix, il ne le connaîtra jamais. Il n’atteindra pas le matin suivant pour découvrir que l’homme ne change pas. C’est peut-être mieux ainsi. La haine aurait rongé ses os bien avant le goût de l’innocence.

Ici il est déjà tard, je débranche la machine à omniscience photonique pour retrouver la réalité des alentours. Trop tard, l’image est sur mes pas. L’enfant s’allongera dans mon lit et viendra mourir dans mon sommeil. Aucune racine ne me rendra le sommeil de cette nuit. La chambre a l’odeur âpre de la valériane mais au delà je devine celle d’un corps qui tremble; celle du sang séché et de la mort.

Je suis loin des Pyrénées, loin des monts calmes de mon enfance. Trop citadin, je me suis exposé à toutes les formes de barbaries. Toutes celle que les autres regardent avec la bonne distance. Je me suis approché trop près des hommes ou bien je suis trop loin dans mon exil. Ton amour ne m’épargne donc d’aucune horreur. Il ne me protège pas même des gens que j’aime.

Ce n’est pas l’empathie dont on a coloré mes souvenirs ni le sentiment prédestiné de la bonté. Né en quelque endroit de la terre et enfui aussi loin que possible il m’aurait fallu enterrer cet enfant. Droit devant moi vers d’autres horizons, quand bien même immobile et replié sur moi, rein ne m’aurait jamais épargné cela.

Je ne sauverai aucun enfant. La nuit est trop longue, le deuil trop lourd. Toutes mes causes sont perdues d’avances. D’où que je sois, je retournerai vers les Pyrénées, lentement, en sachant qu’il n’y a plus rien à fuir. Je retrouverais le ciel des monts calmes et couché sur l’herbe, attendant patiemment mon retour, l’enfant mort et serein que veille les étoiles. 


 ( Extrait de "Anthropologie du hasard"  de Laurent Perrot )