sábado, 26 de febrero de 2011




Laisse la venir
En gélatines mélancoliques.
Que rien ne l’altère
Accoudée à la fenêtre,
La contemplation.
De grandes lueurs,
Le soleil des morts.

Saveur de ton tourment
Sa terre promise en patience,
Depuis ton millier d’années,
La lumière dans l’œil du cyclone.
Tu envisages sa violence
Avant des regrets plus féroces.

La tempête est convulsive
Et la mésintelligence des autres,
Primordiale.
Mais la douleur,
Désavouée,
Tu abuserais
Comme d’une enfant
Ta propre prophétie.
Dans tes rêves de gosse
La béatitude exigeait le mal,
Celui d’un passage clairvoyant
À travers la souffrance innocence.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

sábado, 19 de febrero de 2011

Allégorie


Au bord de la rupture,
Son échine :
un arc tendu
de flèches imaginaires.
La fièvre de son esprit :
un symptôme.
Celui de son changement,
perpétuel,
inéluctable,
stupéfiant.
À l’aube de l’achèvement.
Il cherche la nuance,
celle d’un masque de vérité
sur un visage toc.
Il pose sa dernière touche.
Le modèle vient de mourir,
sur un bout de toile.
Ce ne sont plus ses yeux:
deux taches noires et folles
qui ne lui appartiennent plus.
L’allégorie est parfaite.
La transcendance,
inimitable.
La chair modèle
peut quitter l’atelier
par la lumière de la fenêtre
et s’en aller pourrir,
ce qu’elle croit être vivre.
Le geste a été tranchant
Et la couleur sombre
Il tire le rideau
Sur un pan de sa vie,
Achevé jusqu’au bout.
Il abandonne son œuvre,
Il peut mourir ce soir
Il est mûr pour cela.
Attendre,
la mort automnale
de la complétion.
Laisser délasser,
l’existence en suspens
dans la lumière tiède.
Et dans ce fléchissement,
Peu à peu deviner,
l’épaississement des couleurs
d’une forme encore inexistante :
le kyste vierge et audacieux
de l’œuvre Nouvelle.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

viernes, 11 de febrero de 2011

Locura Líquida



"Locura Líquida"


 Recital de inauguración
Martes 15 de diciembre
Galería Anima
Sevilla - Barrio San Lorenzo

Éclos



Il y a ce germe,
Rampant,
À la surface de toute chose,
A fleur de peau,
Et dans mon ventre.
Et qui attend au crépuscule
Ma faiblesse d'esprit.

Il y a ce germe,
Éclos,
Invisiblement répandu sur mes traces,
A l'endroit du dégoût infectieux
De toujours être ma chair.

Il y a ce germe,
Inspiré.
Plaisirs de sang,
Et peurs assassines.

Il y a ce germe
De sadisme heureux.
Et je serai son hôte,
Toujours reconnaissant.


( Extrait de "Le prénom de l'existence"  de Laurent Perrot )

jueves, 3 de febrero de 2011



III



            Aujourd'hui je ne sortirais pas de chez moi. Il y a quelque chose de poisseux dans l'air, les gens sont trop laids, trop vulgairement parlant. Cette nuit avec un peu de mensonge et juste ce qu'il faut d'obscurité ils me paraîtront magnifiques. Je m'en irais avec eux célébrer le peu de ce que nous avons cru comprendre du néant.

            C'est d'abord dehors que j'étouffe avant de me fondre dans une colonne en ciment. Je ne vois pas d'où vient le vent, je n'ai plus confiance dans le ciel. Ce n'est pas de l'ennui, c'est juste ce qu'il me fallait de méfiance pour m'en détourner. Je remue la cuillerée d'un certain dégoût dans l'acidité de mon café. C'est assez d'amertume pour des pensées clairvoyantes. Dans le relief des formes brunes je crois voir des visages humains. Cela même qu'aujourd'hui j'avais essayé de fuir.

            Il n'y a plus de café, ou plus de détergent. De l'autre côté de l'abri, je sortirais malgré leur présence. Il nous manque toujours quelque chose, je n'ai jamais autant manqué de petites choses que lorsque je pouvais tout avoir. Il faut être contemporain me dit-elle enthousiaste, c'est bien ce que je fais: j'irais chercher l'amertume du café et la pureté du détergent pour laver les traces de notre vie biologique, quelques liquides acides et le sang sur sa culotte, celui de l'enfant qu'une fois de plus elle n'aura pas.

            Dans les rayons des nécessités primordiales, les exigences sont des utopies en couleur. Au milieu de tous ces étranges symboles je cherche encore les mots justes. Les mots intouchables de la beauté pour réécrire aux hommes l'anthologie des rêves. Mes pensées seules sont libres, je m'en remets perpétuellement au salaire de la contrainte. Dans un instant il faudra que je m'avance vers le comptoir de son monde à elle. Elle est jeune mais d'une beauté fatiguée par ses expressions automatiques. Ce n'est pas la griffe d'une ride sur son visage,   cela tient plutôt à son regard triste, à son illusion égarée dans la monotonie des comptes et du rangement.

            Cela me trouble, je remonte l’escalier en courant mais les mots ne sont plus exactement à leur place. Dans l'ordre égaré de la beauté, je ressens la même peur qu'elle de la nuit et des prédateurs. Le front inquiet et l'œil encore primate, j'ai désormais la subtilité du sentiment mélancolique pour m’imaginer au dessus de la chair. Dans quel monde  ai-je vécu  pour  me croire épargner? 


( Extrait de "Anthropologie du hasard"  de Laurent Perrot )